Apple pourrait-il vraiment envisager de fermer iTunes ?

Une fuite en provenance des États-Unis affirmait hier qu’Apple pourrait vouloir arrêter de vendre de la musique en téléchargement avant 2020. Même si l’information a depuis été démentie, elle n’était, à moyen terme, pas si incohérente. Explications.

La Rédac LesMobiles - publié le 12/05/2016 à 10h50

Le site d’information Digital Music News a publié hier un article affirmant, d’après une source proche du dossier, qu’Apple aurait envisagé d’arrêter de vendre de la musique dématérialisée sous forme de fichier MP3 téléchargeable. Ce qui reviendrait, en gros, à fermer iTunes Music. Selon nos confrères, deux scénarios auraient été proposés. Le premier : fermer iTunes unilatéralement d’ici deux ans, donc avant fin 2018. Le second : attendre 3 ou 4 ans avant d’arrêter de vendre de la musique en téléchargement.

Une troisième option, qui n’était pas forcément incompatible avec les précédentes, impliquait l'arrêt de la commercialisation de morceaux sur iTunes dans les pays où la consommation de musique est majoritairement au format streaming streaming (comme aux États-Unis ou le Royaume-Uni) et de continuer à vendre des fichiers MP3 dans les autres, basculant ainsi progressivement.

Un démenti qui ne convainc pas

Suite à la publication de cet article, Tom Neumayr, un porte-parole d’Apple, a démenti l’information auprès de nos confrères de Re/code, sans pour autant apporter davantage de détails. Il indique simplement qu’aucun plan ne prévoit la fermeture d’iTunes dans les trois ou quatre ans. Une réponse laconique donc, qui semble davantage s’adresser aux investisseurs et analystes financiers de Wall Street, particulièrement nerveux depuis la publication des derniers résultats trimestriels de la firme de Cupertino, qu’aux consommateurs qui continuent d’acheter leurs albums et chansons sur la plate-forme.

Un démenti d’autant plus fragilisé que les résultats d’iTunes et les chiffres du marché coïncident relativement bien avec la fuite relayée par Digital Music News. En effet, si le streaming représentait encore qu’un tiers du marché de la musique digitale en 2013 aux États unis, il en générait plus de la moitié l’année dernière. Soit une progression de 66 % en deux ans.

Le streaming en hausse, le téléchargement en baisse

Selon l’association américaine des maisons de disque, la RIAA, le streaming a généré outre-Atlantique 2,4 milliards de dollars de recette, contre 2,3 milliards pour les téléchargements. Selon le rapport 2015 de l’IFPI, l’association internationale de l’industrie phonographique, le marché mondial du streaming s’élève à 2,9 milliards de dollars (+45,2 %), soit légèrement moins que les téléchargements qui atteignent les 3 milliards de dollars.

Cette tendance n’est pas uniquement due au succès des services de streaming, mais elle est aussi la conséquence de changements dans les modes de consommation, avec pour conséquence une baisse de fréquentation des plates-formes de téléchargement. À commencer par iTunes. Selon Mark Mulligan, un analyste canadien spécialisé dans la musique cité par Digital Music News, le volume de fichiers achetés sur iTunes a baissé de 16 % en 2015 et pourrait baisser de 25 à 30 % cette année. Les ventes pourraient alors atteindre 750 millions de dollars en 2016 et 600 millions de dollars en 2019, contre 3,9 milliards en 2012.

Apple Music plus fort qu'iTunes Music ?

Apple Music, quant à lui, a dépassé les 10 millions d’abonnés en six mois d’activité, aurait atteint les 13 millions au printemps et pourrait atteindre les 20 millions avant la fin de l’année 2016 (rattrapant une partie de l'écart avec le leader mondial, Spotify). Pour chaque abonné, ce sont 10 dollars qui entrent dans les poches d’Apple. Soit un chiffre d’affaires mensuel que nous pourrions estimer à... 200 millions de dollars à la fin de l’année. Soit, potentiellement 2,4 milliards par an. Ce qui représente 3 fois ce que rapporte iTunes. Dans ces conditions, l’arrêt des ventes de téléchargement, au moins partiellement, serait logique. Reste à savoir si Apple franchira le pas et comment il compte le présenter à ses actionnaires.

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