Plus encore que Meizu ou Honor, OnePlus est le symbole de la nouvelle vague chinoise. Celle qui rêve de conquête mondiale et de technologie abordable. Celle qui voudrait être altruiste, mais ne peut s'empêcher d?être mercantile. Celle qui aimerait s?écarter de l'image désuète du « made in China » low-cost et copieur, mais qui ne peut s'empêcher de s'inspirer des autres. Bref, les dignes représentants d'une Chine paradoxale, autant ouverte vers l'extérieur que fermée en son coeur. Avec le OnePlus One, Carl Pei a tenté un pari incroyable : créer un smartphone qui ferait pâlir la concurrence, que ce soit techniquement ou économiquement. Pas cher, mais performant. Et il a réussi.
Le meilleur des trois modèles précédents
Mais il y avait un prix à payer pour OnePlus. D'abord, victime de son succès, le OnePlus One s'est certainement moins bien vendu qu'il aurait pu, bridé par un système d'invitation qui a sans doute protégé la société, mais qui l'a aussi freinée. Ensuite, le OnePlus 2 n'a pas réussi en 2015 à cristalliser l'attente des fans qui espéraient revivre les mêmes émotions. Et l?élégance du OnePlus X n'y a certainement rien changé. Mais voici que le OnePlus 3 est là, réunissant toutes les bonnes intentions de ces trois ainés : prix, performances et même matériaux premium. En voici un avant-gout avec la fiche technique :
- dimensions 152,7 x 74,7 x 7,4 mm
- poids : 158 grammes
- ratio écran / taille : 73,3 %
- écran Optic Amoled Full HD de 5,5 pouces (résolution de 401 pixels par pouce) protégé par un verre renforcé Gorilla 4 de Corning
- chipset Snapdragon 820 de Qualcomm avec quatre coeurs Kryo cadencés entre 1,6 GHz et 2,15 GHz
- GPU Adreno 530
- 6 Go de mémoire vive
- 64 Go de stockage interne (non extensible)
- batterie de 3000 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), NFC
- port microUSB type-C réversible
- lecteur d'empreinte digitale
- capteur photo Sony IMX298 de 16 mégapixels avec double LED, objectif ouvrant à f/2.0, autofocus à détection de phase et stabilisateur optique d'image, compatibilité 4K en vidéo
- webcam Sony IMX179 de 8 mégapixels avec objectif ouvrant à f/2.0, compatible 1080p en vidéo
- deux ports SIM
- Oxygen OS 3.1 sur une base Android 6.0.1 Marshmallow
Plusieurs points de comparaison tout d'abord avec le OnePlus 2. D'abord, nous sommes sur un format très similaire en terme de largeur et de hauteur, mais la finesse est bien meilleure, avec 2,5 mm de moins en épaisseur. Malgré un châssis entièrement métallique, le mobile est plus léger de 20 grammes. Ensuite, l?écran passe du LTPS à un « Optic Amoled » qui est, en réalité une autre version du Super Amoled. Le chipset a évidemment changé, ainsi que la RAM, passant de 4 à 6 Go. Le capteur photo principal est plus précis. La webcam est également plus précise, mais aussi plus lumineuse. Le NFC est de retour. La batterie, en revanche, recule de 10 % environ.
Un design moins original
Commençons ce test par l?habituel tour du propriétaire. Si le format du smartphone reste globalement le même (même taille d?écran, quelques similitudes ergonomiques), le OnePlus 3 est très différent de son prédécesseur, notamment à l'arrière. OnePlus abandonne ici son bloc photo rectangulaire habituel pour un design beaucoup plus classique, avec un objectif protubérant et carré, souligné du flash. Le matériau Sandstone Black cède sa place à une coque entièrement en aluminium brossé qui couvre les côtés, comme dans le OnePlus 2, mais aussi l'arrière. Pas de « Swap Style » cette année, mais des coques en différents matériaux, comme pour le OnePlus One.
Dans l'ensemble, le OnePlus 3 rappelle la gamme One de HTC : one One original, le One (M8) (à l'exception du capteur photo) et surtout le One M9. La coque extérieure, qui entoure le dos et les tranches du smartphone est métallique. Les séparations pour les antennes, droites, découpent ce châssis en trois parties. Et un trait relie le bloc photo et la séparation supérieure. Caché dans cette dernière, le microphone secondaire se positionne juste au-dessus du capteur photo. Le verre Gorilla 4 de Corning à l'avant est 2.5D. Nous retrouvons également ce design chez Huawei (gamme Honor, G ou Mate). Il n'y a donc rien d'exceptionnel ou d'inédit ici. Et c'est peut-être ça la vraie grosse déception du OnePlus 3.
Finissons le tour du propriétaire en observant les tranches du téléphone. Nous retrouvons le commutateur du mode silencieux (découvert avec le OnePlus 2) sur la tranche de gauche, avec le contrôle du volume (auparavant à droite). À l'opposé ont été positionnés le bouton de mise en marche et le tiroir pour accéder à l'emplacement de la SIM (qui était sous la coque Swap Style l'année dernière). Cette configuration est celle des iPhone... Les propriétaires de OnePlus 2 pourront noter que le port jack 3,5 mm a été déplacé : il n'est plus placé sur la tranche supérieure, mais sur la tranche inférieure, à côté du microphone principal. Sur cette même tranche se trouvent le port USB type-C et la grille du haut-parleur. À l'avant du mobile, sous l?écran, se trouve le lecteur d'empreinte, comme sur le second « flagship killer ».
Une construction classique, mais bonne
Globalement, la prise en main du OnePlus 3 est la même que celle du OnePlus 2. Cependant, le design de ce troisième modèle haut de gamme n'est plus comparable à celui de ces deux prédécesseurs. Si le OnePlus 2 était une version améliorée et métallisée du One, il conservait certains acquis reconnaissables. Ici, l'ergonomie est beaucoup plus convenue, avec moins de caractère. Cependant, la construction montre que OnePlus est monté en compétence. Les éléments sont mieux intégrés. Les angles sont plus doux. Le OnePlus 3 est incontestablement le smartphone le plus rassurant de la gamme (même en incluant le OnePlus X).
Côté écran, nous avons constaté un mieux indéniable, même si la taille et la résolution de l?écran n'ont pas évolué depuis le OnePlus One. Les couleurs sont plus vives et les taux de contrastes plus profonds, grâce à l'adoption d'un écran AMOLED (et plus précisément Optic AMOLED. Les angles de vision sont larges. La luminosité est suffisante (même s'il faut pousser le curseur virtuel un peu plus vers la droite en pleine luminosité). La dalle Gorilla 4 offre une glisse sous les doigts digne des meilleurs téléphones haut de gamme. Une fois encore, OnePlus a fait preuve de maturité dans ces choix. Rappelons que c'est la seconde fois, avec le OnePlus X, que la start-up adopte l?AMOLED pour l'une de ses réalisations.
Une interface très proche d'AOSP
En allumant l?écran, nous arrivons sur Oxygen OS 3.2.4, basé sur Android 6.0.1 Marshmallow. Comme ce fut le cas avec les versions précédentes d?Oxygen OS, celle-ci offre une interface très proche d'Android AOSP, un voeux que Carl Pei a émis quand sa start-up a abandonné son partenariat avec Cyanogen. Nous constatons d'ailleurs très peu de changements entre la version Lollipop et Marshmallow de l'interface. OnePlus semble simplement avoir intégré les changements apportés par Google à Android, rien de plus. Doze, Now on Tap, le moteur de recherche dans le menu des applications, etc.
Les thèmes par défaut restent identiques avec un jeu d'icônes personnalisées très proche de celle d'AOSP. Les améliorations apportées à Android par Oxygen OS sont toujours présentes. Le clavier Swiftkey est toujours installé par défaut. Le panneau Shelf (comparable au panneau Siri d'iOS 9 ou Blinkfeed de HTC) est intégré, ainsi que la personnalisation des boutons de navigation d'Android, les gestes sur écran éteint (dessin d'une lettre pour ouvrir une application), etc.
Sans oublier toutes les applications optimisées par l?équipe de OnePlus : Musique, Audio Tuner, Galerie, Explorateur de fichiers, etc. Comme toujours, toutes les applications de la suite Google sont présentes, presque sans aucune exception. Sur l?écran d'accueil, OnePlus suit scrupuleusement les recommandations de la firme de Mountain View (Chrome, Google Messenger, Play Store, Application téléphone, dossier Google) et va même jusqu?à épurer l'expérience en supprimant le widget horloge. C'est presque frugal.
Un smartphone très fluide
OnePlus défend évidemment ce positionnement en expliquant que le travail effectué se situe en arrière-plan : le système est optimisé, nettoyé de tous les surplus et de tous les artifices inutiles. Les performances, mais aussi l'autonomie du smartphone sont donc améliorées vis-à-vis d'une même configuration sans les ajustements techniques. Et cela se tient plutôt bien : nous nous souvenons que le OnePlus One était, de loin, le meilleur smartphone sous Snapdragon 801 sur les différents benchmarks. Le OnePlus 2 parvenait, avec un peu plus de difficultés, à sortir son épingle du jeu parmi tous les mobiles sous Snapdragon 810. Qu'en est-il avec le OnePlus 3, ses 6 Go de RAM et son Snapdragon 820 ?
Première grosse surprise : les scores du OnePlus 3 ne sont pas foudroyants. Sur AnTuTu, le flagship killer dépasse à peine le G5 de LG, tandis que le HC 10 est nettement au-dessus, malgré le fait que les deux concurrents disposent de 2 Go de RAM en moins et doivent gérer un écran Quad HD et non Full HD. Sur Geekbench, peu de surprise, puisque le test se focalise sur les performances des coeurs applicatifs. Ils sont du même ordre que la concurrence. Sur Basemark, le OnePlus 3 est avantagé par la présence de 6 Go de RAM, le benchmark lui octroyant une excellente note en mémoire. Également, la note graphique est améliorée.
Ce point se retranscrit également sur 3DMark, puisque le score sur Icestorm Unlimited est bien supérieur chez OnePlus que chez les compétiteurs. Sur Slingshot, les tests en 1080p et en 1440p révèlent de très bons scores, légèrement meilleurs que ceux du G5 de LG, sans pour autant briller considérablement. Notre avis : les ajustements réalisés par OnePlus sur le OnePlus 3 impactent moins un smartphone équipé d'un Snapdragon 820 qu'un Snapdragon 801 ou 810. Peut-être faudra-t-il revoir cette stratégie avec la prochaine version d?Oxygen OS sous Nougat... D'autant qu?AOSP ne manque généralement pas de défaut à gommer, notamment au niveau multimédia.
Une partie vidéo à améliorer
Nous pensons par exemple à la vidéo. Contrairement à un Meizu, un Samsung ou un Archos, OnePlus n'offre pas de baladeur multimédia amélioré. La start-up préfère intégrer le lecteur par défaut, intégré à Galerie, lequel est certainement l'un des pires lecteurs vidéo disponibles sur Android. Certains codecs audio ne passent pas. Les sous-titres encapsulés sont incompatibles. Et la connexion à un serveur distant n'est pas proposée. Bref, il vous faudra trouver un autre lecteur pour profiter des très bons rendus de l?écran AMOLED Full HD du OnePlus 3.
Heureusement, en jeu, le OnePlus 3 est largement plus capable. Comme ces deux prédécesseurs, le flagship killer est une vraie console portable pour ceux qui parviendront à trouver leur bonheur dans la boutique applicative de Google. Dead Trigger 2 et Modern Combat 5 ont offert une expérience de jeu fluide, qualitative, sans aucun défaut. La rapidité du système, le contraste et les couleurs de l?AMOLED, la glisse du verre Gorilla 4, voilà autant d?éléments qui subliment le smartphone. Aucun jeu ne lui résiste évidemment. Et cela devrait être le cas pendant plusieurs années.
Meilleur en photo d'année en année
Passons à présent à la photographie. Le OnePlus One n?était pas bon en photo. C'est un fait reconnu par Carl Pei. Le OnePlus 2 offrait un résultat bien meilleur, mais pas encore parfait (loin en tout cas des cadors que sont Samsung, Sony et Apple). Qu'en est-il du troisième larron ? Une fois encore, OnePlus s'améliore et apprend de ses erreurs. La première erreur rattrapée est l'application photo par défaut. Celle-ci n'est pas simplement Google Camera, mais une application plus évoluée avec un mode expert pour contrôler l'ouverture, la mise au point, la sensibilité ISO, le contraste, etc. C'est une excellente nouvelle.
La seconde bonne nouvelle, c'est le résultat. D'un capteur 13 mégapixels Sony, OnePlus passe à un capteur 16 mégapixels, toujours Sony. Toujours stabilisé, le capteur abandonne l'autofocus laser pour opter pour un autofocus à détection de phase, ainsi qu'un objectif un peu plus lumineux, ouvrant à f/2.0. Le résultat est beaucoup plus équilibré que celui du OnePlus 2. Les nuages sont bien dessinés. Les rues sont visibles. Il y a beaucoup de détails dans cette photo, même en zoomant. Seul petit souci : un manque de contraste avec des couleurs respectées, mais un peu sombres. Cependant, nous constatons une amélioration constante chez OnePlus. Nous avons hâte de voir l?évolution avec la prochaine génération.
Le (presque) grand retour du flagship killer
En conclusion, le OnePlus 3 est un très bon smartphone. La marque a clairement perdu un peu de son caractère, mais aussi de son arrogance, que ce soit en comparaison du OnePlus One que du OnePlus 2. Plus précis. Plus mature. Et peut-être aussi un peu plus passe-partout (et donc moins original) avec son design unibody métallique qui rappelle les flagships de HTC et même quelques modèles chez Huawei. Alors que le OnePlus One a inspiré d'autres marques, le OnePlus 3 s'est visiblement inspiré des autres autant que de ses prédécesseurs.
Il n'empêche que ce smartphone, avec ses performances, sa qualité de construction et sa proposition, est l'une des meilleures affaires du moment : moins de 400 euros, contre 700 euros pour un G5 ou un HTC 10, voir un peu plus pour un Galaxy S7 Edge. Naturellement, ces trois produits offrent des interfaces, des applications, des services et même quelques fonctionnalités supplémentaires. Peut-on parler de flagship killer, comme c?était le cas du premier modèle de la marque ? Oui et non. Car s'il est aujourd?hui la meilleure affaire du moment, il n?écrase pas la concurrence. Alors que son illustre prédécesseur y parvenait, en plus d?être beaucoup moins cher.