Google contraint d'ouvrir son Play Store face à la concurrence américaine

Google fait face à une obligation d'ouverture de son Play Store suite à une décision de justice américaine qui remet en question ses pratiques monopolistiques. Cette mesure exceptionnelle, prononcée le 7 octobre 2024 par un juge fédéral californien, impose à l'entreprise de Mountain View d'autoriser l'installation de boutiques d'applications concurrentes sur son système Android.

Sylvain Pichot - publié le 06/08/2025 à 14h30
Google Play Store

La décision fait partie du litige opposant Epic Games, l'éditeur de Fortnite, à Google depuis août 2020. Le jury avait reconnu en décembre 2023 que Google était coupable de pratiques monopolistiques sur le marché de la distribution d'applications mobiles. Le juge James Donato de San Francisco a ainsi ordonné à Google de permettre l'accès à des plateformes alternatives, transformant fondamentalement l'écosystème Android américain.

Une période de transition strictement encadrée

D'après la décision judiciaire, Google dispose de huit mois pour se conformer aux nouvelles exigences, soit jusqu'au début juillet 2025, car le jugement devient effectif le 1er novembre 2024. L'entreprise devra maintenir cette ouverture pendant une durée de trois ans, permettant aux développeurs, opérateurs et fabricants de smartphones de « bâtir un écosystème avec une taille suffisante pour que Google ne puisse plus l'arrêter », selon les termes employés par Tim Sweeney, directeur général d'Epic Games.

Cette période de transition impose plusieurs obligations spécifiques à Google. La firme doit autoriser les développeurs à proposer des boutiques d'applications alternatives directement dans le Play Store, tout en permettant l'accès au catalogue complet d'applications existant. Néanmoins, Google conserve la possibilité d'appliquer des restrictions de cybersécurité aux services concurrents et de percevoir une redevance, mais uniquement de manière « strictement nécessaire et étroitement adaptée ».

Par ailleurs, le géant technologique ne pourra plus indemniser les fabricants de terminaux ou les opérateurs pour faire du Play Store la boutique par défaut sur leurs appareils. L'entreprise se voit également interdire de proposer aux développeurs des incitations pour qu'ils lancent leurs applications exclusivement sur le Play Store ou avant leur disponibilité sur d'autres plateformes.

Des acteurs majeurs prêts à exploiter l'opportunité

Epic Games a immédiatement annoncé son intention de lancer sa propre boutique d'applications en 2025 aux États-Unis, « sans les messages de Google pour faire peur et les prélèvements de 30% » habituellement perçus par Google sur les revenus des créateurs. Cette commission de 30% prélevée sur les achats intégrés constitue l'un des principaux griefs formulés contre les pratiques de Google et d'Apple.

Microsoft manifeste également son intérêt pour cette nouvelle ouverture du marché. L'entreprise de Redmond envisage effectivement de développer un magasin mobile pour ses jeux Xbox, offrant une alternative compétitive au Play Store traditionnel. Les entreprises veulent ainsi diversifier l'offre disponible pour les utilisateurs Android.

Cette concurrence accrue pourrait bénéficier directement aux consommateurs par une réduction des tarifs et une plus grande diversité d'applications disponibles. Les développeurs d'applications disposeront désormais de nouvelles plateformes pour commercialiser leurs produits, échappant ainsi aux commissions imposées par Google.

Une résistance attendue de Google

Google a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision, estimant qu'elle présente « des risques pour la protection des données et la sécurité des utilisateurs ». D'après le géant technologique, ces modifications « vont provoquer une série de conséquences inattendues qui vont être défavorables aux consommateurs américains, développeurs et fabricants d'équipements ».

La vice-présidente des affaires réglementaires de Google a précisé que l'entreprise demanderait aux tribunaux de suspendre l'exécution du jugement en attendant l'examen de l'appel. Cette stratégie juridique vise à retarder l'application des mesures ordonnées par le tribunal.

Un comité technique composé de trois personnes, incluant des représentants de Google et d'Epic Games, supervisera la mise en conformité de Google avec l'ordonnance. Si ce comité rencontre des difficultés qu'il ne peut résoudre seul, il pourra saisir directement le tribunal pour arbitrage.

En Europe, le Digital Markets Act (DMA) impose déjà aux leaders du numérique d'ouvrir leurs plateformes à la concurrence. La Commission européenne a d'ailleurs accusé Google de violer cette réglementation, pointant notamment le fait que le moteur de recherche continue de favoriser les services Google par rapport à ceux de la concurrence.

 

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