Sailfish OS va-t-il devenir un outil de propagande russe ?

Par La Rédac LesMobiles - 07 juillet 2015 à 14:24
Pendant une semaine, les petits mondes de Jolla et de Yota Devices se sont rencontrés le temps d’un partenariat fantôme. Une rencontre plus géopolitique que technologique qui aura fait le buzz pendant quelques jours. Retour sur une histoire qui n’a rien à voir avec l’innovation. Et c’est dommage.
image de couverture lesmobiles

L’histoire partait bien : un partenariat entre deux acteurs confidentiels, Jolla et Yota Devices, pour créer une expérience nouvelle et certainement innovante. Une initiative loin d’être inintéressante, parce que les deux acteurs ont démontré, par le hardware ou le software, qu’une expérience différente d’iOS et Android est possible. Mais la conclusion est bien plus terre-à-terre. Parce que la téléphonie est devenue un enjeu tellement important, au niveau économique, technologique ou politique, qu’elle devient un outil de propagande. Nous l’avons vu aux États-Unis et en Chine. Et nous le voyons désormais aussi en Russie. Faisons donc le point.

Sailfish OS : une alternative à Android ?

Tout commence la semaine dernière quand un rapport de l’AFP affirme que Yota Devices et Jolla ont signé un partenariat pour adapter Sailfish OS sur des smartphones à double écran. Un choix qui aurait été fait au détriment de Tizen OS, également en lice. Comme nous l’avons signalé en attaque de cet article, l’idée était intéressante à l’origine (d'autres ont également tenté d'adapter un OS alternatif à leurs modèles Android, comme Oppo ou ZTE), même si de nombreux observateurs estiment toujours que quitter Android est une vaste bêtise. D’abord, Sailfish OS propose une navigation inédite. Ensuite, la majorité des applications Android sont compatibles avec l’OS alternatif de Jolla. Enfin, nous étions curieux de savoir comment Yota Devices allait s’adapter à ce nouvel environnement.

Dans le week-end, le patron de Yota Devices, Vlad Martynov, niait l’information. Une déclaration relayée par le site The Digital Reader / Ink, Bits & Pixels. Les propos du dirigeant ne laissent pas de place au doute : Android est le système d’exploitation choisi par Yota pour créer des mobiles. La base installée est d’ailleurs passée sous Lollipop récemment et l’entreprise travaille déjà sur l’adaptation d’Android M. Il semblerait que la raison principale évoquée soit la part de marché de Sailfish, évidemment ridicule au niveau mondial. Seulement, quand les applications Android sont compatibles, est-ce bien important ?

Une communication de propagande

Cela aurait pu s’arrêter là. Mais non. Un ministre russe a montré publiquement son YotaPhone sous Sailfish OS. Un développeur de Yota a confirmé l’existence d’une ROM Sailfish OS pour le YotaPhone 2. Et soudain, il y a comme une confusion étrange. Car la politique s’en mêle. Et en Russie, elle se mêle évidemment de tout : des médias, des industriels, des technologies, etc. Selon les explications les plus probables, voici de quoi il retourne : le gouvernement russe, suite à l’annexion de la Crimée en 2012 et la condamnation de la scène internationale de cet acte, a expliqué vouloir bannir les OS qui ne sont pas sous son contrôle pour des raisons de sécurité, notamment au sein des équipes ministérielles et de l’Armée. Et notamment les OS américains, comme Android. D’où la recherche d’une alternative potentielle.

Deux candidats ont émergé : Jolla avec Sailfish et Samsung avec Tizen. D’où certaines informations passées dans la presse mettant les deux systèmes face à face. Des deux, le gouvernement aurait choisi Jolla, parce que ce dernier serait mieux sécurisé, malgré Knox. Le Finlandais a en effet oeuvré pour créer un OS ouvert et sécurisé, OS qu'elle compte licencier auprès de constructeurs tiers. Dans un communiqué de presse daté d’aujourd’hui (7 juillet), Jolla confirme que les opportunités en Russie et en Inde sont nombreuses. Ce n’est pas un hasard. Notons en outre qu’il existerait une proximité capitalistique entre la Russie et Jolla, dont l’activité va se scinder en deux cet été (avec Sailfish OS d’une part, et les mobiles d’autre part). Mais l’information n’est pas officielle, comme vous pouvez vous en douter. 

Une ROM pour les politiques et les militaires ?

L’existence d’une ROM Sailfish pour le YotaPhone 2 s’explique donc par la volonté du gouvernement russe de remplacer Android par un autre OS. Et il semble que cette initiative ne soit pas destinée à être offerte pour le grand public. D’où les déclarations contradictoires. Les versions publiques des YotaPhone 3 et 2C, dont nous avons entendu parler il y a quelques semaines, devraient donc fonctionner avec Android (parce que cela se vend certainement mieux ainsi). Mais il existera une ROM alternative pour les officiels Russes.

Avis des internautes

Aucun commentaire pour le moment, soyez le premier à réagir !

Les guides et comparatifs
image Asus ROG Phone 8
image Samsung Galaxy A25