Licenciement chez Nokia : le gouvernement finlandais fâché contre Microsoft

Le ministre finlandais des Finances pointe du doigt le plan de licenciement orchestré par Microsoft, estimant que le géant de Redmond a trahi la Finlande. Est-ce le début d’une crise diplomatique ?

La Rédac LesMobiles - publié le 22/07/2014 à 12h18

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Depuis le début du rachat de la branche Devices & Services de Nokia par Microsoft, le gouvernement finlandais se veut prudent. Car il sait pertinemment que ce type de rachat amène toujours à un plan de restructuration, au moins pour éliminer les postes qui doublonnent entre les deux structures. Et même si l’activité hardware de Nokia était bien différente (et complémentaire) de celle de Microsoft, la vision managériale des deux entreprises est toujours différente.

Après avoir pointé du doigt Stephen Elop, qu'il a accusé d’avoir vendu (voire même bradé) un trésor national, c’est désormais la direction de Microsoft, à Redmond, que Helsinki fustige. Notamment après l’annonce officielle du plan de licenciement qui touchera 18 000 postes dans les années à venir, dont 12 500 postes chez les anciens salariés de Nokia, et plus précisément 1100 Finlandais. Antti Rinne, ministre finlandais des Finances, s’est largement exprimé dans les médias locaux pour dénoncer le non-respect de l’accord passé entre le gouvernement et le géant américain. Il emploie même des mots très durs, se sentant trahi par Microsoft. Voilà qui est clair.

Une réaction démesurée ?

Même si chacun des licenciements reste franchement dommageable, notamment quand Microsoft annonce des bénéfices en nette amélioration, cela vaut-il vraiment la peine de s’adonner à une campagne médiatique ? Nous pensons que non, pour trois raisons (qui sont amplement discutables). D’abord, comme l’indique si bien Antti Rinne dans les différentes interviews qu’il a accordé, le plan de restructuration est une affaire interne à une entreprise et les déclarations des officiels dans les médias n’a jamais empêché aucune entreprise (surtout américaine) de les mener jusqu’au bout.

Seconde raison, il y a toujours des licenciements suite à un rachat. C’est presque automatique. Car, comme indiqué précédemment, toutes les entreprises n’ont pas la même vision de la structure de management, notamment quand elles sont originaires de deux pays différents. C’est presque étonnant de voir un ministre des Finances s’étonner qu’une société procède à un plan de licenciement. Oui, Nokia est symbolique, mais n’est pas une exception.

Dernière raison, même si le plan implique 1100 employés en Finlande, cela représente moins de 10 % des effectifs remerciés chez Nokia. Soit 6 % de l’ensemble du plan de licenciement. En d’autres termes : 94 % des employés licenciés sont originaires d’autres pays. Mais il n’y a qu’en Finlande qu’un ministre a pris la parole. Dans son message confidentiel, adressé à toute son équipe et publié par le Times of India, Stephen Elop détaille l’ensemble des changements qui s’opèreront. Toutes les localisations finlandaises resteront ouvertes : Salo, Tapere, Espoo et Lund. Seul le site d’Oulu sera vraiment touché, au même titre que les bureaux de Beijing, San Diego ou encore Dongguan dont l'activité sera réduite ou relocalisée. Le site de Komaron, en Hongrie, sera effectivement fermé.

Une position d'abord politique ?

Nous pensons en revanche que c’est financièrement que le gouvernement finlandais ne s’y retrouvera pas. Parce que Microsoft Mobile Oy réduira considérablement la voilure, les taxes et les impôts que cette filiale paiera seront évidemment moindres. Nokia était, il y a quelques années, la plus grande entreprise finlandaise. Elle rapportait donc beaucoup d’argent à l’État.

Et il y a une question de position politique. La Finlande subit la crise économique tandis que la forte tenue de la monnaie européenne freine ses exportations. Depuis 2012, le taux de chômage augmente, passant la barre des 8,5 % en avril dernier, faisant du pays la lanterne rouge de l’Europe du Nord, devant la Suède. Antti Rinne tient donc son rôle de ministre, à l’image d’Arnaud Montebourg en France, et prend Nokia comme un symbole. Et cela aura certainement autant de conséquences...

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