Tim Cook dément les tensions entre Jony Ive et Apple

Dimanche dernier, un article du Wall Street Journal revenait sur le départ de Jony Ive d’Apple. Et notamment sur les raisons qui ont amené le directeur du design de la firme à prendre ses distances. L’article était publié quelques jours après l’annonce officielle, d’une part de Jony Ive dans la presse (le Financial Times) et d’autre part de la firme dans un communiqué de presse. Nous avons relayé dans nos colonnes ces deux étapes.

Hier, nouveau coup de théâtre pour ce départ ô combien symbolique chez Apple. Tim Cook, le PDG de la firme de Cupertino, a pris le temps d’adresser un communiqué à nos confrères américains de NBC News. Dans ce courrier, il qualifie l’article d’absurde et estime que le portrait qui est dépeint de l’équipe de designers d’Apple est très loin de la réalité. L’article « déforme les relations, les décisions, et les événements à tel point que nous n’arrivons simplement pas à reconnaître l’entreprise qu’il prétend décrire ».

Un technophile parmi des financiers

L’article du Wall Street Journal, largement repris dans la presse en début de semaine, a été écrit par le journaliste Tripp Mickle. Ce dernier y explique que Jony Ive a graduellement pris ses distances avec la firme de Cupertino, ne s’y présentant en personne pratiquement jamais, pilotant de loin les avancées de son équipe sur les nouveaux produits de la firme. Il affirme que le designer, considéré comme l’un des derniers symboles de l’ère « Steve Jobs » ne se reconnaissait plus dans cette entreprise pilotée par des personnes dont les talents étaient davantage dans le management et la finance que dans la technologie et l’innovation.

Il rapproche d’ailleurs ce constat au fait qu’Apple n’ait pas réussi à sortir un produit « whaou » depuis l’iPad. Même l’Apple Watch, sur laquelle Jony Ive s’est totalement investi, n’a pas réussi dans sa première itération à être un succès aussi unanime que l’iPod, l’iPad ou l’iPhone. Il rapproche aussi ce constat du fait qu’Apple s’investisse davantage dans les services (App Store, Apple Music, Apple Arcade, Apple News+ et Apple TV+) que dans le hardware, lequel est pourtant encore aujourd’hui la première source de revenus de la firme.

Une réponse courte qui en dit long

Il y a deux enseignements à tirer de la prise de parole de Tim Cook, qui se veut ici le premier défenseur d’Apple sous son ère. Le premier enseignement est que cette histoire est assez importante pour qu’il réagisse rapidement. En effet, le départ de Jony Ive a soulevé beaucoup de questions chez les analystes financiers, notamment sur la capacité de la firme à créer les produits incontournables de demain. Des produits qui sortent de l’imagination des designers confiés aux bons soins du directeur général de la firme, Jeff Williams. Tim Cook doit rassurer. Et c’est ce qu’il fait : l’équipe de design « est plus forte que jamais » martèle-t-il.

Le deuxième enseignement est que Tim Cook reste évasif sur les points exacts de l’article du Wall Street Journal qui seraient contradictoires avec la réalité. À aucun moment, les extraits repris par NBC News ne mentionnent un passage erroné ou « absurde ». Il défend l’entreprise tel un bon avocat, mais ne rentre pas dans les détails. Et parallèlement, le quotidien new-yorkais confirme sa confiance en sa publication, qui ne sera pas modifiée, et en son journaliste. Preuve qu’il doit y avoir un peu de vrai derrière ce départ présenté initialement comme le début d’une nouvelle étape dans le partenariat entre le designer et son ancien employeur.